La Méthodologie Traditionnelle 62714s

La méthodologie traditionnelle dite de “grammaire-traduction”

L’historique des courants méthodologiques en FLE • C. Germain, Evolution de l’enseignement des langues : 5000 ans d’histoire, Paris, CLE I. 2001. • La présentation de l’enseignement institutionnalisé, des méthodologies qui ont marqué, qui marquent encore l’enseignement/apprentissage des langues. • Pour pouvoir se forger sa propre méthodologie, l’enseignant doit connaitre les approches didactiques, des idées et pratiques divergentes. • Précisions terminologiques « la méthodologie/la méthode »: « un « ensemble cohérent de procédés, techniques et méthodes qui s’est révélé capable, sur une certaine période historique et chez des concepteurs différents, de générer des cours relativement originaux par rapport aux cours antérieurs et équivalents entre eux quant aux pratiques d’enseignement /apprentissage induites » (Puren, 1988 : 16). • У овом значењу: „метода“, „методологија“, „методски систем“.

Grille d’analyse de méthodologies • Toute méthodologie se caractérise par : - l’époque où elle a été conçue - les objectifs qu’elle se propose d’atteindre - les théories de référence ou hypothèses - les contenus (contenu grammatical, lexical, culturel, les s, progression adoptée, accès au sens de la langue étrangère, schéma de classe) - relations pédagogiques (rôle de l’enseignant, de l’apprenant, interactions apprenants-enseignants, les pratiques de classe privilégiées - les activités, traitement de l’erreur, évaluation)

Caractéristiques de la méthodologie traditionnelle • Époque Germain: sa dominance 1850-1940/1950 ; Puren: 18401900, avec des cas de survivance actuelle; Tagliante: dès la fin du XVIe siècle, jusqu’au XXIe siècle. • Objectifs fondamentaux: - la maîtrise de l’écrit littéraire (rendre l’apprenant capable de lire les ouvrages litt. - CE): une visée non pas pratique (la langue n’est pas enseignée dans le but de communiquer), mais formative (« former » l’esprit des étudiants); - le développement de la mémoire et des facultés intellectuelles (de raisonnement et d’analyse). • Objectif particulier: former des bons traducteurs de la langue écrite littéraire.

Caractéristiques de la MT Théories de référence • Théorie du langage: Aucune théorie de référence. La langue est conçue comme un ensemble de règles et d’exceptions.

• Théorie de l’ apprentissage: Pas de théorie, mais les pratiques telles que : apprendre et mémoriser des règles et du lexique.

• Conception de la civilisation/culture: « Culture cultivée » : Littérature, Histoire et Beaux-Arts

Caractéristiques de la MT Contenus • Présentation de la langue cible – les s Phrases exemplifiant des points de grammaire, puis extraits de textes littéraires.

• Progression adoptée Souvent progression grammaticale (Le nom, le genre et le nombre, l’adjectif...) - l’approche par la grammaire.

• Accès au sens de la langue étrangère Utilisation de langue maternelle, perpétuel va-et-vient par la traduction.

• Contenu grammatical et enseignement de la grammaire Accent mis sur la morphologie (genre, nombre, conjugaison) enseignée d’une manière explicite et déductive (des règles aux exercices) + traduction des exemples donnés + application et vérification à l’aide d’exercices de version et de thème.

Caractéristiques de la MT Contenus • Contenu lexical et enseignement du lexique Enseignement non systématique d’un lexique surtout littéraire (registre soutenu), celui des textes, présenté sous formes de listes de mots accompagnés de leur traduction.

• Contenu culturel et enseignement de la culture/civilisation Accent mis sur la culture cultivée, avec la Littérature en position dominante.

• Schéma de classe (les étapes du processus de l’enseignement): Chaque leçon est organisée autour d’un point grammatical - Exposition d’une règle de grammaire - Présentation d’une liste de mots accompagnés de leur traduction. - Compréhension d’un texte fabriqué ou d’un extrait d’oeuvre littéraire. - Exercices d’application qui privilégient les exercices de thème et de version.

Caractéristiques de la MT Relations pédagogiques • Rôle de l’enseignant: - le personnage dominant dans la salle de classe; - le détenteur du savoir, de l’autorité, de l’initiative; - il choisit les textes à faire étudier; - il prépare des questions portant sur la compréhension des textes choisis; - il prépare des exercices (des « exercices à trous », par exemple); - il pose des questions aux apprenants à tour de rôle, au besoin fournit la bonne réponse, explique les règles de grammaire et fait faire des exercices. •

Rôle de l’apprenant: réactif, il n’a pratiquement aucune initiative. Il mémorise la conjugaison verbale et de nombreux mots.

Caractéristiques de la MT Relations pédagogiques • Interactions apprenants/enseignants: limitées et à sens unique - professeur vers apprenants • Activités d’enseignement: - les exercices de version et de thème - explication de textes: lire les textes d’auteurs célèbres, comprendre, produire - Exercices à trous… • Traitement de l’erreur: erreur non tolérée. • Évaluation: écrite - traduction (thème, version), exercices de grammaire (et les questions sur la culture étrangère).

Évaluation de la MT • La MT permet à l’élève d’acquérir : - de solides connaissances linguistiques (en grammaire, en vocabulaire) - une bonne culture de la langue cible, avec l’étude de textes choisis. • Les principaux reproches faits à la MT: - elle est incapable de développer chez l’apprenant une véritable compétence de communication (le dialogue élèves-maître repose sur le contenu des textes étudiés); avec la MT on apprend à parler de la langue (connaissances métalinguistiques), mais pas à parler la langue. - MT privilégie l’écrit; - Le choix des textes littéraires (et du vocabulaire) n’est pas fait en fonction du degré de difficulté de L2.

Tentatives de réforme • Contre les insuffisances de la MT: François Gouin (1880, « méthode des séries »); • Les précurseurs de « l’ère scientifique » (au début du XXe siècle): Henry Sweet, Otto Jespersen, Harold Palmer – ils tentent de donner des fondements véritablement scientifiques à la DL, en s’inspirant des données de: - La psychologie scientifique (alors naissante) - La linguistique - La phonétique (Sweet). • Vers le milieu du XXe siècle une véritable “ère scientifique” dans le domaine de la DLE.

La méthode des séries • François Gouin, L’art d’enseigner et d’étudier les langues, Paris, 1880 (The Art of Teaching and Studying Languages, London, 1892); autour des années 1920 la méthode de Gouin acquiert une très grande renommée aux Etats-Unis. • À son époque, on ne disposait pas encore de théorie de langage (F. de Saussure, Cours de linguistique générale, 1916; L. Bloomfield, Language, 1933) – la théorie linguistique de Gouin est d’autant plus importante. • Ses conceptions concernant la façon d’apprendre une LE: - l’oral et écrit sont enseignés, mais l’oral doit toujours précéder l’écrit - la méthode des séries est fondée sur l’analogie avec le mode d’apprentissage par l’enfant de sa LM.

La série de la pompe • « La femme prend le seau par l’anse La femme lève le seau, La femme traverse la cuisine, La femme ouvre la porte, La femme franchit le seuil, La femme sort de la cuisine, La femme se retourne, La femme ferme la porte…. »

La méthode des séries - Chaque série est faite d’un ensemble de propositions; - Les propositions sont simples et toujours enchaînées suivant leur ordre naturel de déroulement l’enchaînement logique des faits, succession dans le temps; - Le pivot de la langue est le verbe qui se présente toujours dans une proposition; - Il ne s’agit pas d’abolir l’enseignement grammatical, mais de le réformer – de commencer par l’étude du verbe; - Une série doit être de “la durée ordinaire d’un jeu”, sinon l’élève risque de se fatiguer ou de se désintéresser.